Vérités explosives : Les mythes et idées reçues sur l’allaitement enfin démasqués ! (Partie 2)
Allaitement : arrêtons le massacre !
Dans la première partie de cet article consacré aux principaux mythes entourant l’allaitement, nous avons vu que toutes les femmes ne pouvaient pas nécessairement allaiter et que l’allaitement n’était pas toujours aussi simple qu’on ne l’imagine. Nous avons aussi vu pourquoi il n’est pas possible d’affirmer qu’une femme n’a pas suffisamment de lait pour nourrir son bébé, sans tenir compte d’une multitude de facteurs.
Dans cette deuxième partie, nous allons attaquer les mythes concernant l’allaitement les plus controversés, donc attachez vos ceintures, ça va envoyer ! 😉
Idée reçue #4 – « Mon lait n’est pas assez riche pour rassasier mon bébé »
De nombreuses mamans affirment avoir dû arrêter leur allaitement en se désolant de voir que leur lait n’était pas assez consistant pour rassasier leur bébé. Elles ont alors recouru au lait maternisé de façon partielle (allaitement mixte) ou totale, ce qui, pour bien des mamans allaitantes, représente un échec dans leur allaitement, entraînant manque de confiance en soi et en ses capacités de mère.
Il faut savoir que l’idée reçue # 3 sur la quantité jugée insuffisante de lait, et l’idée reçue # 4 sur la qualité du lait sont très intimement liées. Plusieurs mères se plaignent que leur enfant revienne constamment au sein à certaines périodes de son développement, mais cela est parfaitement normal. Il s’agit des pics de croissance. L’enfant peut alors demander à téter toutes les 45 minutes. Et ces pics durent plusieurs jours, puis passent, et se répètent plusieurs fois au cours de l’allaitement.
Idem, des mères pensent que leur lait n’est pas assez riche lorsqu’elles constatent que leur bébé se réveille plusieurs fois la nuit pour téter, sans savoir qu’il s’agit de la norme biologique pour notre espèce : les « nuits complètes » à 3 mois est une doctrine inscrite dans les livres de pédiatrie depuis les années 1970, ce standard de sommeil étant établi sur la base d’un taux d’allaitement maternel historiquement bas (étude Ball & Klingaman, 2008).
Dans ces situations, il est donc tout-à-fait naturel de se dire que l’on n’arrive pas à satisfaire les besoins de son enfant, soit parce qu’il n’y a pas assez de lait, soit parce qu’il n’est pas assez consistant. Toutefois, cela est infondé, puisque c’est un cycle naturel d’évolution.
Il faut savoir également que la composition du lait maternel évolue en permanence en fonction du développement du nourrisson, afin de répondre à ses besoins changeants.
Les premiers jours, vous n’aurez que quelques gouttes, appelées colostrum. Ce ne sont pas qu’un petit amuse-bouche, mais un véritable festin pour Bébé, dont l’estomac a la taille d’une petite noisette à la naissance. Le colostrum est très gras, et très riche en anticorps essentiels pour renforcer le système immunitaire du nourrisson, ainsi que pour préparer sa flore intestinale à la réception du lait maternel.
Mon expérience personnelle
J’ai allaité ma fille aînée pendant ma seconde grossesse, et je co-allaite mes deux filles depuis. J’ai vraiment vu à quel point ce colostrum était gras grâce à mon allaitement de l’aînée, qui avait l’habitude d’avoir un lait adapté à son âge, et qui se retrouvait à boire à nouveau du lait très riche. Très clairement, elle avait de bonnes joues et de bonnes cuisses dès mon dernier trimestre de grossesse, et surtout à compter de la naissance de sa petite sœur ! La différence était frappante !
Au fur et à mesure que l’enfant grandit, le lait maternel s’adapte pour lui fournir une nutrition équilibrée et surtout, adaptée à son âge. Le corps humain est incroyablement précis quant à ses différentes horloges biologiques : tout comme il sait exactement quelle heure il est (le ventre criant famine par exemple !), votre corps sait parfaitement quel est l’âge de votre nourrisson ! Plusieurs études confirment que le lait maternel satisfait les besoins nutritionnels de l’enfant et évolue constamment pour répondre à ses exigences, à son âge et mêmes aux saisons ! Il varie encore au cours de la journée, au cours de la tétée, selon l’alimentation de la mère…
Et quand on évoque la richesse du lait, j’en profite pour faire un aparté sur la richesse du goût du lait ! En effet, d’aucuns pensent que le lait maternel a toujours la même saveur. Erreur ! La composition du lait évolue, mais le goût aussi, et ce en fonction de l’alimentation de la mère.
Idée reçue #5 – « Il n’est pas possible d’allier allaitement et biberon »
Certaines femmes souhaitent, pour certaines raisons, introduire le lait infantile dans l’alimentation de leur enfant en complément de leur allaitement au sein.
Peut-on déguster du lait maternel et du lait maternisé dans la même semaine, voire dans la même journée ? Tout-à-fait ! Des études révèlent que le fait de jongler entre les deux ne finit pas en apocalypse lactée ; il faut néanmoins veiller à un certain nombre de paramètres pour éviter la chute de production de lait, la confusion sein/tétine ou le désintéressement du sein par le bébé. Notamment, l’âge du bébé et la maturité de l’allaitement au moment de l’introduction du lait maternisé, ainsi que la fréquence des tétées seront des facteurs déterminants dans la réussite de cette conciliation. La 6e Enquête Nationale Périnatale menée en 2021 par l’INSERM révèle que l’allaitement mixte à 2 mois de vie est un choix fait par près de 20 % des femmes.
Chaque famille a ses contraintes et j’invite tout un chacun à faire preuve de tolérance et de flexibilité.
En prenant toutes les précautions qui s’imposent, détendez-vous et sortez ce biberon sans culpabilité !
Idée reçue #6 – « Le lait maternel perd en qualités nutritionnelles après quelques mois »
Cette idée reçue est totalement infondée. Le lait maternel conserve l’ensemble de ses bienfaits nutritionnels tout au long de l’allaitement, bien au-delà des premiers mois. Des études mettent en avant les avantages persistants, parmi lesquels une protection immunitaire continue et une composition adaptative qui évolue en réponse aux besoins croissants de l’enfant. Mais en réalité, les bienfaits de l’allaitement prolongé sur le plan de la santé sont très nombreux !
C’est un peu comme offrir à votre enfant un abonnement VIP à la bonne santé ! 😉
Par ailleurs, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recommande un allaitement exclusif pendant six mois, et un allaitement complémentaire d’une alimentation solide variée et équilibrée jusqu’à au moins 2 ans.
En outre, il présente de nombreux avantages pour la mère également, qui voit diminuer les incidences de cancer du sein, de l’ovaire, de diabète de type 2 et d’ostéoporose.
En d’autres termes, l’allaitement prolongé, en accord avec les choix des familles, est loin d’être une option obsolète. Il offre des avantages nutritionnels durables qui continuent de soutenir le développement de l’enfant, en préservant sa santé et celui de sa mère.
Idée reçue #7 – « Si vous n’allaitez pas, vous n’aimez pas votre enfant »
Ah, si l’amour se mesurait en millilitres de lait maternel, ça se saurait ! L’idée même selon laquelle l’amour parental est directement proportionnel à la méthode d’alimentation choisie est tout-à-fait absurde. Rien ne saurait être plus éloigné de la réalité.
L’attachement parental est un tango complexe orchestré par une multitude de facteurs, et pas seulement le choix d’allaiter ou non. Le choix de ne pas allaiter peut être motivé par diverses raisons, (considérations médicales, blocages, préférences personnelles…). Ne pas allaiter ne fait pas de vous un parent indigne !
J’encourage toutes les mères à porter vos soins à votre enfant avec bonheur, douceur et passion, mais surtout, en étant alignée avec vous-même. Une maman qui assume ses choix sera d’autant plus détendue et disponible, et donnera des signaux cohérents à son enfant entre sa pensée, sa parole et ses gestes. Et finalement, c’est ce qui compte le plus, non ?
Idée reçue #8 – « L’allaitement prolongé nuit à l’indépendance de l’enfant »
Certains pensent que l’allaitement prolongé crée des bébés éternellement collés à leur maman. C’EST FAUX !
L’allaitement prolongé est une étape harmonieuse vers l’indépendance. Le sein maternel n’est pas une chaîne, mais plutôt un lien source de confort et de sécurité pour l’enfant, favorisant une transition en douceur vers la confiance en soi.
Par ailleurs, aucune étude n’a montré que l’allaitement maternel nuirait à l’autonomie de l’enfant.
L’étude de Mme Ainsworth en 1973 constate même plutôt l’inverse ! Celle-ci a suggéré qu’un attachement sécurisant à la mère par l’allaitement maternel permettait aux enfants de créer des liens avec d’autres enfants et de devenir plus indépendant comparé à un autre groupe d’enfants nourris au biberon. De la même manière, l’étude de Mr Fergusson et Mr Woodward menée en 1999 a montré que les enfants allaités pendant une plus longue durée avaient tendance à percevoir leurs mères plus solidaires et moins surprotectrices.
Ce mythe a donc la peau dure, puisque les bénéfices de l’allaitement prolongé sur l’indépendance et l’autonomie de l’enfant sont connus de longue date… !
L’allaitement prolongé est un voyage magique et complexe, dépendant de nombreux facteurs, mais certainement pas une entrave au développement autonome de l’enfant.
Quelques conseils pour surmonter les préjugés
Encourager la conversation ouverte
Mon premier conseil, et non le moindre, est de favoriser des discussions ouvertes, dénuées de tout jugement, concernant les choix d’allaitement. Une communication ouverte et bienveillante est la clé pour éclairer les esprits et promouvoir une compréhension mutuelle. C’est en partageant nos expériences de manière respectueuse que nous pouvons contribuer à un dialogue constructif et à une communauté bienveillante.
Respecter les choix de chacun
Plaidons pour le respect des choix individuels en matière d’allaitement. Chaque expérience est unique, et le soutien aux décisions personnelles contribue à une communauté bienveillante.
Mon deuxième conseil est de respecter les choix individuels en matière d’allaitement. Chaque parcours est unique, chaque mère a ses propres défis, et le respect des décisions personnelles sont le socle d’une communauté bienveillante et raisonnée. En reconnaissant et en honorant la diversité des expériences, nous construisons un environnement où chaque mère se sent soutenue, reconnue et respectée dans son choix d’allaitement.
Ressources complémentaires
Il existe plusieurs sources pour approfondir vos connaissances et comprendre les différents points de vue sur l’allaitement.
Je trouve que le livre édité par La Leche League « L’Art de l’Allaitement Maternel » est extrêmement intéressant car il offre un point de vue très pratique et des solutions à de nombreux problèmes que rencontrent les mères allaitantes.
Evidemment, cela ne se substitue pas à un avis médical, et il est aussi toujours possible de faire appel à une consultante en lactation et/ou à un spécialiste en cas de difficulté majeure.
Nous arrivons à la fin de ce tour d’horizon ô combien polémique, relatif aux mythes entourant l’allaitement.
Quels autres mythes vous hérissent le poil ? Dites-le-moi dans les commentaires ci-dessous 😊
👉 Retrouvez mes vidéos dédiées à l’allaitement sur ma chaîne Youtube : Origami Mama – Playlist Allaitement – YouTube
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